Les Ksours de Figuig : Trésors ancestraux et symboles d’une identité préservée

Niché à l’extrême est du Maroc, à la frontière algérienne, Figuig est un écrin de palmeraies, de montagnes désertiques et surtout, de Ksours séculaires 🏰. Ces agglomérations fortifiées, appelées ksours (pluriel de ksar), sont bien plus que de simples structures en pisé : elles incarnent l’âme de la ville, sa mémoire collective et une forme d’organisation sociale aussi ancienne que raffinée. Les Ksours de Figuig ne sont pas seulement des vestiges architecturaux, mais aussi des témoins vivants d’un mode de vie communautaire profondément enraciné dans la tradition amazighe et arabo-musulmane.


L’Origine et la signification des Ksours de Figuig

Le mot ksar, d’origine arabe, signifie littéralement « château » ou « forteresse ». Cependant, à Figuig, ce terme revêt une dimension bien plus large. Un ksar est un quartier organisé comme une micro-société, autonome dans sa gestion, sa protection, son mode de vie et même parfois dans ses règles internes. Chacun des Ksours de Figuig possède une personnalité unique, une histoire singulière, et participe à la richesse plurielle de la ville.

Historiquement, ces ksours ont été construits pour des raisons pratiques et sécuritaires 🛡️. Situés dans une zone souvent sujette aux incursions tribales et aux conflits frontaliers, les habitants ont dû ériger des habitations solidaires et protégées. Les murs en terre crue, les ruelles étroites, les portes imposantes et les passages couverts ne sont pas le fruit du hasard, mais des éléments de défense, de régulation thermique et d’organisation collective.


Figuig, la ville aux sept Ksours

Figuig est souvent surnommée la ville aux sept ksours. Chacun d’eux — Zenaga, Loudaghir, Hammam Foukani, Hammam Tahtani, Laabidate, Oulad Slimane et Ouled Mimoun — possède ses particularités. Le ksar Zenaga, par exemple, est l’un des plus anciens et témoigne encore de la grandeur de l’époque précoloniale. Il conserve des ruelles labyrinthiques 🌪️, des habitations en terre battue et une mosquée centrale autour de laquelle s’organise la vie quotidienne.

Ces ksours ne sont pas figés dans le temps : certains sont encore habités, d’autres en ruine, mais tous vibrent du souvenir de générations passées qui y ont grandi, aimé, prié, travaillé et survécu ensemble.


L’architecture des Ksours : entre fonctionnalité et spiritualité

L’architecture des Ksours de Figuig suit une logique rigoureuse. Les maisons sont mitoyennes, formant un tout solidaire. Elles se répartissent autour d’une mosquée, d’un four collectif, d’un lieu d’assemblée et de plusieurs puits 🌊. Cette disposition reflète une volonté d’harmonie sociale où chacun a sa place et sa responsabilité.

La terre crue utilisée pour la construction possède des qualités thermiques exceptionnelles, gardant la fraîcheur en été ☀️ et la chaleur en hiver ❄️. L’utilisation de matériaux locaux, comme la palme pour les plafonds ou le bois de palmier pour les portes, montre une parfaite symbiose entre l’environnement naturel et le génie humain.

Les passages voûtés, appelés sbat, relient les ruelles et servent aussi d’abris contre le soleil. L’ensemble de cette architecture traduit une pensée communautaire, où la spiritualité, la nature et la fonctionnalité coexistent.


Une signification identitaire forte pour les habitants

Au-delà de leur utilité physique, les Ksours de Figuig sont porteurs de mémoire et d’identité. Chaque ksar représente une entité sociale, souvent fondée par une famille ou une tribu, qui a ensuite attiré d’autres habitants selon un principe d’alliance ou d’intérêt économique 🤝. Les fêtes, les traditions, les chants, les savoir-faire artisanaux et même les règles de partage de l’eau d’irrigation sont propres à chaque ksar.

Ainsi, vivre dans un ksar, c’est appartenir à une communauté spécifique avec ses codes, ses valeurs, ses mémoires et ses responsabilités. Beaucoup de Figuiguiens en exil reviennent régulièrement pour visiter leur ksar d’origine, le restaurer ou simplement s’imprégner de cette atmosphère chargée de souvenirs.


Menaces modernes et actions de sauvegarde

Comme beaucoup de trésors architecturaux au Maroc, les Ksours de Figuig sont aujourd’hui menacés par le temps, les changements climatiques 🌪️ et l’exode rural. Le béton remplace progressivement le pisé, et les jeunes générations, souvent attirées par les villes, désertent ces lieux chargés d’histoire.

Cependant, une prise de conscience émerge. Des associations locales, en collaboration avec les autorités, mènent des campagnes de sensibilisation, de restauration et de documentation. L’objectif : transmettre ce patrimoine aux générations futures sans en altérer l’authenticité. Certains projets visent même à inscrire les ksours de Figuig au patrimoine immatériel de l’UNESCO, à l’instar de ksour d’Aït Benhaddou ou de Tata.


Conclusion : Les Ksours de Figuig, gardiens d’une âme collective

Les Ksours de Figuig ne sont pas de simples bâtiments de terre. Ce sont des récits de vie, des repères symboliques, des témoins silencieux d’un passé où l’homme vivait en harmonie avec son environnement et sa communauté. Ils sont les gardiens d’une sagesse ancestrale que la modernité ne devrait pas effacer mais plutôt intégrer.

En redonnant vie à ces structures, en les valorisant sans les folkloriser, Figuig pourrait devenir un modèle de développement durable fondé sur la mémoire et la culture. Plus qu’un décor, un ksar est un être vivant qu’il faut écouter, comprendre et protéger ❤️.